Secteur Saint-Seurin

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Témoignage de Laure Couraud

Témoignage de Laure Couraud

8 décembre 2022

COMMENT DIEU M’A SAUVÉE

TÉMOIGNAGE DE LAURE

Laissez-moi vous raconter une histoire.

Je n’ai pas reçu d’éducation chrétienne.

C’est un sujet que nous n’abordions pas à la maison.

Je crois qu’on n’y était tout simplement indifférent.

Moi, je n’en savais que les grandes lignes, et m’étais forgé l’idée que les croyants se raccrochaient à un Dieu parce qu’ils avaient besoin de croire en quelque chose.

Je m’étais toujours dit que moi, je n’en avais pas besoin. Je respectais les croyants bien sûr, tant qu’ils ne m’obligeaient à rien.

À l’époque, j’avais un travail, des amis. Mais je dois admettre qu’il y avait un grand vide dans ma vie. Je n’arrivais pas à me l’expliquer.

Maintenant, je voudrais vous parler de ce qui a changé ma vie. Un accident. Une chose toute bête. Mais le seigneur se sert de petites choses toutes bêtes !

En 2014, j’ai eu un accident du travail.

Je revenais de la photocopieuse avec mes originaux dans une main et mes copies dans l’autre. Je suis arrivée devant mon siège pour m’asseoir, tout en voulant poser mes papiers sur le bureau.

Seulement, mon pied s’est entravé dans la roulette du siège. Je suis tombée sur la hanche et tous les papiers ont volé.

À partir de ce moment-là, ma vie a basculé.

De cette chute, j’ai eu des répercussions très douloureuses, sur tout le bassin, le dos, ainsi qu’aux membres inférieurs.

J’ai été en arrêt six mois, pendant lesquelles j’étais en fauteuil roulant.

Cette période de ma vie a été insupportable, et d’une très grande solitude.

J’avais beaucoup de difficultés à gérer même mes besoins les plus élémentaires, comme les courses, la préparation des repas, la toilette, le ménage.

Il faut dire qu’à l’époque, j’avais un gros chien. Alors, je ne vous dis pas les poils ! Pour couronner le tout, je suis asthmatique et allergique aux poils de chien !

Si, si ! Sinon, ce ne serait pas marrant !

Bref, entre les douleurs, la rééducation, les soucis administratifs dûs à ma position au travail et les difficultés de la vie privée, tout est devenu très compliqué.

Au milieu de ce temps de solitude extrême, un jour, toque à ma porte une paroissienne de Saint-Seurin, accompagné d’un prêtre de la fraternité Saint-Pierre, en soutane.

« Je dois dire que la présence d’un prêtre rassure, sinon, je ne les aurais sans doute pas fait entrer. »

Nous avons évoqué la très grande solitude de ma situation.

Et là, la paroissienne m’a proposé son aide pour venir chaque fois que possible, passer l’aspirateur, laver le sol, me tenir un peu compagnie. Elle m’a rendu plusieurs services, et brisé ma solitude plus d’une fois.

C’est là, que pour la première fois, le Seigneur s’est introduit dans ma vie, avec pour moi, le début d’un long chemin pour comprendre que j’avais besoin de Lui.

Peut-être suis-je un peu lente… Mais ce n’est pas quelque chose qui s’impose tout de suite. Cela prend du temps. Dieu peut toquer à notre porte, mais il ne le fait pas en force… Par contre, il est super persévérant ! Persistant, et patient. Il nous montre déjà l’exemple.

Maintenant, j’aimerais vous parler de la période où je n’ai jamais autant pleuré de ma vie.

Je sais, ça fait très mélo ! Mais il faut vous imaginer le contexte.

Au terme de cette période, j’ai enfin repris le travail à mi-temps thérapeutique. Mais les conditions d’accueil de mon service ont été catastrophiques : jalousies, maltraitances, humiliations, incompréhensions des chefs et des collègues.

Par conséquent, les médecins en ont conclu que je ne pouvais pas rester dans ce service.

Seulement, ils m’ont mise dans un placard, ( plus ou moins pour me pousser vers la sortie ) une pièce exigüe, sans fenêtre, avec une lumière inadaptée. Nous étions six, et n’avions rien à faire, avec interdiction de lire même un bouquin. Les matinées était interminables.

Inutile de vous dire que j’étais dans un état de forte dépression.

Dans le même temps, j’étais intégrée dans l’église et petit à petit au sein du groupe de solidarité de Saint-Seurin. J’avais essentiellement dans l’idée de rendre ce que l’on m’avait donné, ni plus ni moins. En réalité, vous allez voir que c’est allé beaucoup plus loin.

Le moral était vraiment au plus bas. À tel point que j’avais de vraies pensées suicidaires, j’étais vraiment capable d’en finir. J’envisageais de mettre fin à ma vie, qui était devenu un enfer. Ce qui me freinait, était le fait que je possédais un gros chien très âgé, dont sans doute personne ne voudrait s’occuper en mon absence. Mais j’avais tout prévu. Je l’emmènerais avec moi. Et me disais que la Garonne n’était vraiment pas loin du tout.

Puis le groupe de solidarité m’a invitée à Lourdes. C’est là, à Lourdes, que j’ai commancé à m’ouvrir au Seigneur. Je me souviens d’un moment partagé de la parole qui parlait des Béatitudes. j’avais mille questions à poser au prêtre qui avait fait la lecture.

Suite à ça, une fois rentrée sur Bordeaux, j’ai commencé à lire la bible tous les jours. J’avais une telle soif ! J’ai assisté à ma première messe. Et j’ai commencé à prier, cela pendant plus d’un an, avant de demander le baptême à la veillée pascale de 2019. Et, devinez qui était ma marraine ? La dame qui était venue toquer à ma porte, accompagnée par un prêtre en 2014, lors des journées missionnaires.

De même, le prêtre qui m’a baptisée était celui qui accompagnait le groupe de solidarité à Lourdes. Le seigneur a même de l’humour. Si, si…

Au boulot, les ennuis continuaient à me tomber dessus en cascade.

Seulement, je n’étais plus seule à les surmonter. J’ai compris que le Seigneur veut plus que tout autre chose que l’on s’abandonne à Lui. Qu’on lui fasse entièrement confiance. Pour moi c’est la clé. Je me repose sur lui, il m’assiste dans mes épreuves. Depuis que je m’abandonne à Lui, ma vie a complètement changé. Je me sens habitée d’une force indestructible où rien ne me touche plus autant qu’avant. J’ai une telle confiance en Lui. Les personnes de mon propre entourage perçoivent eux aussi en moi comme une présence. J’ai même croisé des étrangers dans la rue avec qui j’entame le dialogue, qui me disent que c’est comme une lumière intérieure. Que je resplendis. Waouh !

Aujourd’hui, je me dis : « mais comment ai-je pu seulement vivre sans lui ? Lui, qui m’accorde tant de grâce, sans même que je lui demande… Lui, qui toujours console mon âme… »

Loué soit le Seigneur, maintenant et toujours. Amen.

Laure est décédée le lundi 5 décembre. Ses obsèques ont été célébrées le vendredi 9 décembre à 9h15 en la basilique Saint-Seurin.