Secteur Saint-Seurin

Basilique Saint-Seurin - Église Saint-Ferdinand - Église Saint-Bruno
Reliques de Saint Amand

Reliques de Saint Amand

24 juin 2021

Le reliquaire de Saint Amand a enfin été installé dans la crypte de la basilique Saint-Seurin ! le reliquaire a été créé par Augustin Frison-Roche artiste pour la Paroisse Saint Seurin – Saint Bruno – St Ferdinand.
Saint Amand est l’un des premiers évêques de Bordeaux. Successeur de saint Delphin, qui l’avait ordonné prêtre, au siège épiscopal de Bordeaux en 403, il a accueilli et cédé sa place à Saint Seurin. Il serait mort en 431 ou 432. Il nous rappelle que le site de Saint Seurin nous invite à mettre nos pas dans ceux des premiers chrétiens de Bordeaux.
Voici l’homélie de monseigneur James prononçée à cette occasion:

A la fin de cette année scolaire très spéciale, je retiens des textes proclamés, une image et une phrase. L’image, c’est celle de Jésus affrontant la tempête : « Lui dormait sur le coussin à l’arrière ». Et une phrase bouleversante de la 2ème lecture : « Frères l’amour du Christ nous saisit ».

Oui, au milieu de la tempête, Jésus dort ! Quelle révélation ! Dort-il, lorsque les tempêtes, c’est à dire des épreuves soudaines, s’abattent sur nous ? Lorsque nous perdons pied ? Par exemple, quand un diagnostic de maladie grave nous prend par surprise ? Que le deuil d’un proche nous ébranle ? Ou un accident, ou l’épidémie qui a marqué toute l’année scolaire ? Et « lui à l’arrière sur le coussin, il dormait ». Je comprends tellement la réaction de panique des apôtres, nous leur ressemblons si souvent : « Mais Seigneur, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Qu’est-ce que veut nous dire le Christ ? Qu’est-ce que cela révèle de lui ? D’abord, qu’est-ce que c’est ce coussin évoqué par Saint Marc ? Aucun détail n’est innocent ! Le coussin, c’est là où le petit enfant se repose. Il est bien là ; il a confiance. Chers parents, chers grands-parents, vous avez été témoins de cela, vous en avez fait l’expérience : D’où vient que le petit enfant, que vous portez dans vos bras, n’ait pas peur de s’endormir, de s’abandonner ? Il est fragile, pourtant ; au milieu des tempêtes du monde, que peut-il faire ? Il dépend entièrement de son entourage. Alors, pourquoi s’endort-il ? Parce qu’il se sait aimé. Voilà le Christ Jésus : Il se sait aimé. Jésus, l’Enfant bien-aimé, fait confiance à son Père ; Dieu ne l’abandonnera pas au milieu de la tempête. C’est notre foi. Nous aussi, nous nous savons aimés.

Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Jésus allongé sur le coussin, c’est, aussi déjà l’annonce de sa mort. Ce récit de la tempête apaisée nous place devant le cœur de notre foi chrétienne : le mystère de Pâques. Dans la tempête du monde, au moment de sa Pâque, que va faire Jésus ? Allongé sur la croix, il donne sa vie par amour. Il donne tout, il se donne. Il se livre. Je comprends alors le cri de Saint Paul, dans la deuxième lecture : « l’amour du Christ nous saisit ». Il nous étreint. C’est bouleversant, cet amour du Christ qui donne tout. Voilà ce qu’ont retenu les apôtres, voilà ce qui les a fait tenir dans les épreuves. Alors que nous sommes parfois inquiets, éprouvés par les évènements de cette année et préoccupés par demain, c’est bon de nous tourner vers ceux qui ont été les fondateurs, les colonnes de notre Eglise. A la fin de la messe, nous allons vivre la translation des reliques de Saint Amand, parmi les premiers évêques de Bordeaux. On sait peu de choses à son sujet, sauf d’abord son prénom. Et son prénom est un message : Amand, c’est-à-dire celui qui est digne d’être aimé, car par son baptême, il est porteur de l’Amour du Christ. L’amour du Christ l’a saisi. Nous tous baptisés, confirmés, nous pouvons nous appeler Amand. Depuis notre baptême, l’Amour du Christ nous a saisis. Et à chaque Eucharistie, nous sommes empoignés par le Christ, saisis par l’Amour du Christ : nous avons foi en cet Amour, en la Force de cet Amour, pour surmonter les tempêtes.

Et quel exemple nos saints fondateurs nous laissent-ils ? Un amour rayonnant ! Mardi, nous fêtons un bordelais dans le calendrier de l’Eglise universelle : Saint Paulin, évêque de Nole. Paulin, un bordelais, formé par le poète Ausone de notre région, Paulin, une personnalité de notre cité : Paulin, grâce au témoignage, à l’amour rayonnant de Saint Amand se convertit au christianisme et laisse tous ses biens. L’amour se répand ! Ce bordelais va correspondre avec Saint Augustin ! Il va rayonner sa foi, son amour pour le Christ en Italie ! Et tout est parti de notre ville ! Mais encore ? Amour rayonnant, oui, cette rencontre étonnante entre Saint Amand et Saint Seurin ! A peine un siècle plus tard, Grégoire de Tours en fait le récit. Nous en avons les traces : c’est dire la réputation de ces deux hommes Amand et Seurin ! Et que retient-on de ce qui s’est passé ici dans notre ville au 5ème siècle ? C’est très bref le récit, mais si dense, je cite Grégoire de Tours : « St Seurin qui venait de la région orientale, s’approcha de l’évêque Saint Amand ». Aimer, ça veut dire s’approcher, se faire proche ! Comme Jésus, il se fait proche et se met au service de l’évêque, c’est-à-dire de la communauté chrétienne ! Quelle chance, quand on peut dire de vous, chers paroissiens de Saint Seurin, en vous voyant engagés dans la paroisse, au service des jeunes, de la liturgie, de malades ou d’associations caritatives : mais pourquoi fait-il, fait-elle cela ? Et alors, ajoute le chroniqueur, « Amand et Seurin se saluent et s’embrassent ». C’est le signe de l’amour, comme à la Visitation. C’est le signe de la fraternité chrétienne : par-delà les différences culturelles, sociales, de génération, il y a une joie à se retrouver, frères et sœurs du même Seigneur ici dans cette basilique où se trouvent les reliques de nos saints fondateurs : car le même amour du Christ nous saisit ! N’oublions pas ce qu’on disait des premiers chrétiens, dans les villes païennes de l’époque : « voyez comme ils s’aiment ». Et le chroniqueur conclut : « après s’être embrassés, ils entrèrent dans l’église et firent leur prière ». Ces deux hommes, dans une période très troublée au 5ème siècle, c’est la chute de l’empire romain, ces hommes croient en l’Amour, en la force de l’Amour et en témoignent par des gestes concrets. Encouragés par ces saints, renouvelons notre foi en l’Amour, en la Force de l’Amour. Souvent nous avons l’impression que nos vies ne servent pas à grand’chose. Souvent nous avons le sentiment que nous ne pouvons rien ou presque devant des évènements difficiles, devant nos situations familiales éprouvantes, ou l’évolution du monde actuel. Cette célébration nous rappelle que l’Amour du Christ nous saisit, et nous empoigne. Par l’intercession de Saint Amand, de Saint Seurin, de Saint Paulin de Nole, qu’il nous soit donné de croire en la Force de l’Amour. Amen.