Secteur Saint-Seurin

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Hommage au pape émérite Benoît XVI

Hommage au pape émérite Benoît XVI

2 janvier 2023

Une messe d’action de grâce sera célébrée par Monseigneur Jean-Paul JAMES  à l’intention du Pape Benoît XVI à la cathédrale de Bordeaux le mercredi 4 janvier à 18h30. Messe retransmise sur la chaine youtube du diocèse

 

Messe d’obsèques présidée par le pape François le jeudi 5 janvier à 09h30 sur la place Saint-Pierre de Rome retransmise en direct sur kto.tv

 

IN MEMORIAM…

Méditation du Pape Benoît XVI devant le Saint Sacrement à Lourdes 14 septembre 2008.

 

Seigneur Jésus, tu es là ! 

Et vous, mes frères, mes soeurs, mes amis, 

Vous êtes là, avec moi, devant Lui ! 

Seigneur, voici deux mille ans, tu as accepté de monter sur une Croix d’infamie pour ensuite ressusciter et demeurer à jamais avec nous (…) tes frères, tes soeurs ! 

Et vous, mes frères, mes soeurs, mes amis, 

Vous acceptez de vous laisser saisir par Lui. 

Nous Le contemplons. 

Nous L’adorons. 

Nous L’aimons. Nous cherchons à L’aimer davantage. 

Nous contemplons Celui qui, au cours de son repas pascal, a donné son Corps et son Sang à ses disciples, pour être avec eux « tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). 

Nous adorons Celui qui est au principe et au terme de notre foi, Celui sans qui nous ne serions pas là ce soir, Celui sans qui nous ne serions pas du tout, Celui sans qui rien ne serait, rien, absolument rien ! Lui, par qui « tout a été fait » (Jn 1, 3), Lui en qui nous avons été créés, pour l’éternité, Lui qui nous a donné son propre Corps et son propre Sang, Il est là, ce soir, devant nous, offert à nos regards. 

Nous aimons – et nous cherchons à aimer davantage – Celui qui est là, devant nous, offert à nos regards, à nos questions peut-être, à notre amour. 

Que nous marchions – ou que nous soyons cloués sur un lit de souffrance, que nous marchions dans la joie – ou que nous soyons dans le désert de l’âme (cf. Nb 21, 5), Seigneur, prends-nous tous dans ton Amour : dans l’Amour infini, qui est éternellement Celui du Père pour le Fils et du Fils pour le Père, celui du Père et du Fils pour l’Esprit, et de l’Esprit pour le Père et pour le Fils. 

L’Hostie Sainte exposée à nos yeux dit cette Puissance infinie de l’Amour manifestée sur la Croix glorieuse. L’Hostie Sainte nous dit l’incroyable abaissement de Celui qui s’est fait pauvre pour nous faire riches de Lui, Celui qui a accepté de tout perdre pour nous gagner à son Père. L’Hostie Sainte est le Sacrement vivant, efficace de la présence éternelle du Sauveur des hommes à son Église. 

Mes frères, mes soeurs, mes amis, 

Acceptons, acceptez de vous offrir à Celui qui nous a tout donné, qui est venu non pour juger le monde, mais pour le sauver (cf. Jn 3, 17), acceptez de reconnaître la présence agissante en vos vies de Celui qui est ici présent, exposé à nos regards. Acceptez de Lui offrir vos propres vies! 

Marie, la Vierge sainte, Marie, l’Immaculée Conception, a accepté, voici deux mille ans, de tout donner, d’offrir son corps pour accueillir le Corps du Créateur. Tout est venu du Christ, même Marie ; tout est venu par Marie, même le Christ. 

Marie, la Vierge sainte, est avec nous ce soir, devant le Corps de son Fils, cent cinquante ans après s’être révélée à la petite Bernadette. 

Vierge sainte, aidez-nous à contempler, aidez-nous à adorer, aidez-nous à aimer, à aimer davantage Celui qui nous a tant aimés, pour vivre éternellement avec Lui. 

Une foule immense de témoins est invisiblement présente à nos côtés, tout près de cette grotte bénie et devant cette église voulue par la Vierge Marie ; la foule de tous ceux et de toutes celles qui ont contemplé, vénéré, adoré, la présence réelle de Celui qui s’est donné à nous jusqu’à sa dernière goutte de sang ; la foule de tous ceux et de toutes celles qui ont passé des heures à L’adorer dans le Très Saint Sacrement de l’autel. 

Ce soir, nous ne les voyons pas, mais nous les entendons qui nous disent, à chacun et à chacune d’entre nous : « Viens, laisse-toi appeler par le Maître ! Il est là ! Il t’appelle (cf. Jn 11, 28) ! Il veut prendre ta vie et l’unir à la sienne. Laisse-toi saisir par Lui. Ne regarde plus tes blessures, regarde les siennes. Ne regarde pas ce qui te sépare encore de Lui et des autres ; regarde l’infinie distance qu’Il a abolie en prenant ta chair, en montant sur la Croix que Lui ont préparée les hommes et en se laissant mettre à mort pour te montrer son amour. Dans ses blessures, Il te prend ; dans ses blessures, II t’y cache (…), ne te refuse pas à son Amour ! ». 

La foule immense de témoins qui s’est laissée saisir par son Amour, c’est la foule des saints du ciel qui ne cessent d’intercéder pour nous. Ils étaient pécheurs et le savaient, mais ils ont accepté de ne pas regarder leurs blessures et de ne plus regarder que les blessures de leur Seigneur, pour y découvrir la gloire de la Croix, pour y découvrir la victoire de la Vie sur la mort. Saint Pierre-Julien Eymard nous dit tout, lorsqu’il s’écrie : « La sainte Eucharistie, c’est Jésus-Christ passé, présent et futur » ( Sermons et instructions paroissiales d’après 1856, 4-2,1. De la méditation). 

Jésus-Christ passé, dans la vérité historique de la soirée au cénacle, où nous ramène toute célébration de la sainte Messe. 

Jésus-Christ présent, parce qu’il nous dit : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps, ceci est mon sang ». « Ceci EST », au présent, ici et maintenant, comme dans tous les ici et maintenant de l’histoire des hommes. Présence réelle, présence qui dépasse nos pauvres lèvres, nos pauvres coeurs, nos pauvres pensées. Présence offerte à nos regards comme ici, ce soir, près de cette grotte où Marie s’est révélée comme l’Immaculée Conception. 

L’Eucharistie est aussi Jésus-Christ futur, Jésus-Christ à venir. Lorsque nous contemplons l’Hostie Sainte, son Corps de gloire transfiguré et ressuscité, nous contemplons ce que nous contemplerons dans l’éternité, en y découvrant le monde entier porté par son Créateur à chaque seconde de son histoire. Chaque fois que nous Le mangeons, mais aussi chaque fois que nous Le contemplons, nous L’annonçons, jusqu’à ce qu’Il revienne, « donec veniat ». C’est pourquoi nous Le recevons avec un infini respect. 

Certains parmi nous ne peuvent pas ou ne peuvent pas encore Le recevoir dans le Sacrement, mais ils peuvent Le contempler avec foi et amour, et exprimer le désir de pouvoir s’unir à Lui. C’est un désir qui a une grande valeur aux yeux de Dieu. Ceux-ci attendent son retour avec plus d’ardeur ; Ils attendent Jésus-Christ à venir. 

Lorsqu’une amie de Bernadette lui posa la question le lendemain de sa première communion : « De quoi as-tu été la plus heureuse : de la première communion ou des apparitions ? », Et Bernadette répondit : « Ce sont deux choses qui vont ensemble, mais ne peuvent être comparées – J’ai été heureuse dans les deux » (Emmanuélite Estrade, 4 juin 1858). Et son curé témoignait à l’Évêque de Tarbes au sujet de sa première communion : « Bernadette fut d’un grand recueillement, d’une attention qui ne laissait rien à désirer … Elle apparaissait bien pénétrée de l’action sainte qu’elle faisait. Tout se développe en elle d’une façon étonnante ». 

Avec Pierre-Julien Eymard et avec Bernadette, nous invoquons le témoignage de tant et tant de saints et de saintes qui ont eu pour la sainte Eucharistie le plus grand amour. Nicolas Cabasilas s’écrie et nous dit ce soir : « Si le Christ demeure en nous, de quoi avons-nous besoin ? Que nous manque-t-il ? Si nous demeurons en Christ, que pouvons-nous désirer de plus ? Il est notre hôte et notre demeure. Heureux sommes-nous d’être Sa maison ! Quelle joie d’être nous-mêmes la demeure d’un tel habitant ! » (La vie en Jésus-Christ, IV, 6). 

Le bienheureux Charles de Foucauld est né en 1858, l’année même des apparitions de Lourdes. Non loin de son corps raidi par la mort, se trouvait, comme le grain de blé jeté à terre, la lunule contenant le Saint-Sacrement que frère Charles adorait chaque jour durant de longues heures. Le Père de Foucauld nous livre la prière de l’intime de son coeur, une prière adressée à notre Père, mais qu’avec Jésus nous pouvons en toute vérité faire nôtre devant la Sainte Hostie: 

« `Mon Père, je remets mon esprit entre Vos mains’. 

C’est la dernière prière de notre Maître, de notre Bien-Aimé… Puisse-t-elle être la nôtre, et qu’elle soit non seulement celle de notre dernier instant, mais celle de tous nos instants : 

Mon Père, je me remets entre vos mains ; mon Père, je me confie à vous ; mon Père, je m’abandonne à Vous ; mon Père, faites de moi ce qu’il Vous plaira ; quoi que Vous fassiez de moi, je Vous remercie ; merci de tout ; je suis prêt à tout, j’accepte tout ; je Vous remercie de tout. Pourvu que Votre volonté se fasse en moi, mon Dieu, pourvu que Votre volonté se fasse en toutes Vos créatures, en tous Vos enfants, en tous ceux que Votre coeur aime, je ne désire rien d’autre, mon Dieu ; je remets mon âme entre Vos mains ; je Vous la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon coeur, parce que je Vous aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre Vos mains, sans mesure, avec une infinie confiance, car Vous êtes mon Père » (Méditation sur les Saints Évangiles). 

Frères et soeurs bien-aimés, pèlerins d’un jour et habitants de ces vallées, frères évêques, prêtres, diacres, religieux, religieuses, vous tous qui voyez devant vous l’infini abaissement du Fils de Dieu et la gloire infinie de la Résurrection, restez en silence et adorez votre Seigneur, notre Maître et Seigneur Jésus le Christ. Restez en silence, puis parlez et dites au monde : nous ne pouvons plus taire ce que nous savons. Allez dire au monde entier les merveilles de Dieu, présent à chaque moment de nos vies, en tout lieu de la terre. Que Dieu nous bénisse et nous garde, qu’Il nous conduise sur le chemin de la vie éternelle, Lui qui est la Vie, pour les siècles des siècles. Amen. 

 

 

Testament spirituel

La salle de presse du Vatican a rendu public, samedi 31 décembre 2022, jour du décès du pape émérite Benoît XVI, son testament spirituel rédigé le 29 août 2006.

Si, à cette heure tardive de ma vie, je jette un regard sur les décennies que j’ai parcourues, je vois d’abord combien de raisons j’ai de rendre grâce. Tout d’abord, je remercie Dieu lui-même, le donateur de tout bon cadeau, qui m’a donné la vie et m’a guidé à travers divers moments de confusion, me relevant toujours quand je commençais à glisser et me redonnant toujours la lumière de son visage. Avec le recul, je vois et je comprends que même les parties sombres et fatigantes de ce voyage étaient pour mon salut et que c’est en elles qu’Il m’a bien guidé.

Je remercie mes parents, qui m’ont donné la vie dans une période difficile et qui, au prix de grands sacrifices, m’ont préparé avec leur amour un magnifique foyer qui, comme une lumière vive, illumine tous mes jours jusqu’à aujourd’hui. La foi lucide de mon père nous a appris à croire, nous ses enfants, et elle a toujours tenu bon au milieu de toutes mes réalisations scientifiques; la profonde dévotion et la grande bonté de ma mère sont un héritage pour lequel je ne saurais la remercier suffisamment. Ma sœur m’a assisté pendant des décennies de manière désintéressée et avec une attention affectueuse; mon frère, avec la lucidité de ses jugements, sa résolution vigoureuse et la sérénité de son cœur, m’a toujours ouvert la voie; sans sa constance qui me précède et m’accompagne, je n’aurais pas pu trouver le bon chemin.

Du fond du cœur, je remercie Dieu pour les nombreux amis, hommes et femmes, qu’il a toujours placés à mes côtés; pour les collaborateurs à toutes les étapes de mon parcours; pour les enseignants et les étudiants qu’il m’a donnés. Je les confie avec gratitude à sa bonté. Et je veux remercier le Seigneur pour ma belle patrie dans les Préalpes bavaroises, dans laquelle j’ai toujours vu briller la splendeur du Créateur lui-même. Je remercie les gens de ma patrie, car c’est en eux que j’ai expérimenté, encore et encore, la beauté de la foi. Je prie pour que notre terre reste une terre de foi et je vous en prie, chers compatriotes: ne vous laissez pas détourner de la foi. Et enfin, je remercie Dieu pour toute la beauté que j’ai pu expérimenter à chaque étape de mon chemin, mais surtout à Rome et en Italie, qui est devenue ma deuxième maison.

À tous ceux que j’ai lésés d’une manière ou d’une autre, je demande pardon de tout mon cœur.

Ce que j’ai dit auparavant à mes compatriotes, je le dis maintenant à tous ceux qui, dans l’Église, ont été affectés à mon service: restez fermes dans la foi! Ne vous laissez pas troubler! Il semble souvent que la science – les sciences naturelles d’une part et la recherche historique (en particulier l’exégèse des Saintes Écritures) d’autre part – soient capables d’offrir des résultats irréfutables en contraste avec la foi catholique. J’ai vécu les transformations des sciences naturelles depuis longtemps et j’ai pu voir comment, au contraire, des certitudes apparentes contre la foi se sont évanouies, se révélant être non pas des sciences, mais des interprétations philosophiques ne relevant qu’en apparence de la science; tout comme, d’autre part, c’est dans le dialogue avec les sciences naturelles que la foi aussi a appris à mieux comprendre la limite de la portée de ses revendications, et donc sa spécificité. Depuis soixante ans, j’accompagne le chemin de la théologie, en particulier des sciences bibliques, et avec la succession des différentes générations, j’ai vu s’effondrer des thèses qui semblaient inébranlables, se révélant de simples hypothèses: la génération libérale (Harnack, Jülicher etc.), la génération existentialiste (Bultmann etc.), la génération marxiste. J’ai vu et je vois comment, à partir de l’enchevêtrement des hypothèses, le caractère raisonnable de la foi a émergé et émerge encore. Jésus-Christ est vraiment le chemin, la vérité et la vie – et l’Église, avec toutes ses insuffisances, est vraiment son corps.

Enfin, je demande humblement: priez pour moi, afin que le Seigneur, malgré tous mes péchés et mes insuffisances, me reçoive dans les demeures éternelles. De tout cœur, ma prière va à tous ceux qui, jour après jour, me sont confiés.

Benedictus PP XVI