Secteur Saint-Seurin

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SYNTHÈSE DIOCÉSAINE SYNODE SUR LA SYNODALITÉ

SYNTHÈSE DIOCÉSAINE SYNODE SUR LA SYNODALITÉ

10 juin 2022

L’équipe synodale diocésaine a remis à Mgr James la synthèse des contributions issues de notre diocèse.

À Bordeaux et en Gironde, sans nier l’effet de surprise (parfois de lassitude…) provoqué par l’invitation du Pape François : « sur toute la terre, pour écouter l’Esprit Saint dans les paroles du peuple », nous nous sommes mis à l’ouvrage. Le synode diocésain n’était pas loin. Il s’était tenu du 13 décembre 2015 au 14 janvier 2018 sur cette question :
« Comment nos communautés chrétiennes peuvent-elles susciter et soutenir des disciples-missionnaires ? » Les Actes synodaux furent promulgués le dimanche 20 mai 2018, fête de la Pentecôte. À l’automne 2021 on travaillait encore à la mise en application de ces décisions. C’est ainsi que fut choisi, pour la démarche synodale actuelle, un mode de mise en œuvre simple, qui ne surcharge pas trop la vie ecclésiale.

Le 17 octobre la démarche fut inaugurée et une équipe diocésaine fut constituée pour favoriser la mise en route, en rappeler les contours, organiser le recueil des paroles synodales et finalement en élaborer le rassemblement.

Certaines contributions signalent que nous ne sommes qu’au début de la démarche pour la synodalité de toute l’Église. La première difficulté rencontrée semble être spirituelle. Écouter et discerner à travers les paroles du peuple « ce que l’Esprit dit aux Églises » n’est vraiment pas notre premier réflexe. On se contente volontiers de ressentir, de penser et de parler pour imaginer voir clairement.

La publication du rapport de la CIASE précédait de peu le lancement du synode sur la synodalité. Le climat de tristesse et de colère qui a suivi a fortement marqué de son empreinte le début du travail synodal.

Les vents contraires et « le vacarme des flots » ont découragé plus d’un à participer à l’expérience  synodale et incité d’autres à prendre la parole.

 

Bordeaux, le 9 mai 2022

1 – COMMENT NOUS SOMMES-NOUS RASSEMBLÉS ?

La démarche au sein des paroisses a été bien souvent initiée par les clercs (prêtres, diacres). Le diocèse a transmis sur tout le territoire de la Gironde des supports adaptés, sur la base du Vademecum, invitant les Églises locales à se mettre en marche. Quelques paroisses se sont organisées en mettant en place un délégué, ou une équipe, en diffusant des tracts d’information, en organisant des rencontres.
De nombreux groupes se sont emparés de la démarche synodale dans le cadre de leurs rencontres habituelles (mouvements, services d’Église, fraternités locales, congrégations…).
D’autres groupes se sont constitués et rassemblés pour l’occasion, soit spontanément, soit en répondant à l’appel d’un tiers (délégué synodal, clerc…).
La messe dominicale a souvent été le lieu de l’appel.
Quelques groupes ont ouvert la participation à des amis de passage (croyants – pratiquants ou non – et même occasionnellement non-croyants).
Pour la grande majorité, une seule rencontre a eu lieu. À quelques occasions, 2 ou 3 rencontres ont permis aux groupes d’approfondir leur réflexion, de creuser quelques pistes complémentaires ou de se saisir d’autres thématiques.
Les groupes ont souvent fait état d’un moment de convivialité à l’occasion de leur rencontre (apéritif, repas, soirée…) et souligné l’importance du cadre permettant la joie de l’écoute de la parole partagée « Comme un robinet qui s’ouvre », ainsi que nous le verrons au chapitre suivant. Les contributions émanant de territoires ruraux autant que de territoires urbains. Il n’est pas relevé d’opposition marquée entre elles en ce sens.
Cependant, des secteurs pastoraux n’ont pas participé à la démarche.
Plus de la moitié des groupes réunissaient moins de 10 personnes, un quart environ entre 10 et 20 personnes et quelques grands groupes de 50 participants ou plus se sont retrouvés.
Seulement 4 ou 5 groupes de jeunes – réunis ou consultés à la demande d’un adulte – ont apporté leur contribution de manière identifiable et les 20-40 ans sont quasiment absents.

La question « Comment notre marcher ensemble se passe-t-il aujourd’hui dans notre Église Locale ? À quoi l’Esprit nous invite-t-il pour grandir dans notre ‘cheminement commun’ ? » a été choisie comme support principal pour 23 des 147 remontées.

Ensuite, les thématiques proposées ont été choisies comme suit :
Écouter (41 fois), Dialoguer dans l’Église et dans la société (36), Célébrer (31), Les compagnons de voyage (30), Autorité et participation (29), Coresponsables dans la mission (28), Prendre la parole (26), Discerner et décider (22), Avec les autres confessions chrétiennes (8) et Se former à la synodalité (7).

La majorité des groupes a choisi de se focaliser sur 1 ou 2 thématiques, assez rarement sur 3 ou plus. 58 groupes ont pris la liberté de ne pas préciser la ou les thématiques utilisées. Les 147 contributions reçues synthétisent, en 468 pages, plus de 200 rencontres et recueillent l’expression de près de 3000 femmes, hommes et enfants (fort peu).
Ils sont représentants de services et secteurs paroissiaux (pour une moitié), de mouvements ou d’associations (pour un tiers), de fraternités locales ou de groupes d’amis (pour le reste).

 

2- QUE RETENONS-NOUS DES ACTES DE RASSEMBLEMENT ET DE CONSULTATION 

Quelques mots sur la forme des actes de rassemblement et de consultation.

Tout en évoquant leur joie d’être consultés par l’Église, les participants ont exprimé des résistances. D’une part, les questions étaient compliquées, nombreuses, peut-être trop intellectuelles, sans référence à l’Évangile et ne semblaient pas prendre en compte certaines questions d’actualité de l’Église pourtant urgentes. D’autre part, ils avaient des doutes sur la prise en compte de leurs contributions.
Malgré tout, « la volonté de dépasser la simple critique » l’a emporté. Ainsi, une fois les questions reformulées par des instances nationales ou locales, la démarche synodale a pu être enclenchée.

Le dénominateur commun des contributions est sans nul doute la joie de la rencontre : joie d’être sollicités, joie de pouvoir répondre à l’appel du Pape François, joie de pouvoir discuter sur des sujets importants, profonds, autour d’un temps convivial, joie des rencontres fraternelles et parfois priantes soit avec des personnes inconnues soit avec des amis de longues dates.

En ce qui concerne la méthodologie employée pour ces temps de discussion, l’équipe synodale diocésaine en relève de trois sortes :

  • Les échanges à travers les réseaux sociaux, qui ressemblent plus à des échanges
  • d’opinions qu’à une écoute et un enrichissement mutuel,
  • Les partages sous forme de débat, plus rarement sous forme de tour de table, les paroles des uns s’enrichissant de celles des autres,
  • Les échanges suivant une méthodologie de l’écoute déjà existante (questions envoyées à l’avance, ronde de parole sans interruption, relecture réfléchie et priée en amont…).

Quelques partages ont été difficiles et n’ont pas abouti à une synthèse commune.
Dans les groupes ayant déjà une méthodologie d’écoute, une habitude de se retrouver en fraternité de quartier ou un animateur formé et désireux de faire circuler la parole, la dynamique a été plus fluide.
Parfois dans les grands groupes la parole a pu être tranchante voire blessante. La suite en groupe plus restreints a permis un ajustement et l’émergence d’une compréhension mutuelle.

Quelques groupes se sont appuyés sur l’écoute de la Parole de Dieu pour débuter leur réflexion synodale : lecture d’un passage de la Bible et temps de méditation, de prière et d’invocation à l’Esprit Saint pour ensuite parler et partager sur la thématique ou la question choisie.

Quelques mots sur le fond des actes des rassemblements et des contributions, qui seront détaillés dans les parties suivantes.

Cette consultation du peuple de Dieu sur la vie de l’Église Universelle a été prise comme une première innovante et digne d’intérêt. Nous y percevons l’amour profond pour l’Église : « On s’est senti concerné ».

Elle a également mis le doigt sur les blessures et les actes blessants de l’Église. Elle a permis de proposer des actions concrètes pour la changer; et dans le même temps, la prise de conscience de ses dysfonctionnements a été l’occasion d’une interrogation personnelle de son propre rapport avec elle.

3- PARMI LES RÉACTIONS À LA DÉMARCHE SYNODALE, QU’EST-CE QUI A ÉTÉ SIGNIFICATIF, SURPRENANT OU INATTENDU ?

Le fait que la démarche synodale ait été accueillie avec une grande liberté a permis de faire entendre des prises de parole très diverses, en fonction de l’âge des contributeurs, de leur état de vie, de leurs lieux d’engagement. Cette répartition ne correspond que pour une faible part au visage de notre Église locale.

Ainsi il faut noter la part très majoritaire de l’expression de gens âgés ou très âgés, l’absence presque totale de la voix des actifs, et la toute petite part des jeunes et des enfants.

Exprimés par des laïcs, des prêtres, des diacres ou des personnes consacrées, les mêmes thèmes se trouvent nuancés. Enfin, la voix des personnes pauvres, malades, handicapées, prisonnières, homosexuelles se fait entendre par ceux qui s’engagent auprès d’elles, mais rarement directement. A côté de la présence massive de la voix des anciens, il est primordial de faire écho de la toute petite part de celle des plus jeunes, ainsi que des états de vie minoritaires, comme autant de petites lueurs qui demandent toute notre attention.

Le thème de l’écoute

L’importance apportée à la question de l’écoute exprime un certain malaise. Ce n’est pas simplement un déficit d’écoute entre la « base » et la hiérarchie qui est pointée, c’est aussi une écoute mutuelle entre frères et sœurs, dans notre vie ecclésiale quotidienne. La richesse de nos diversités individuelles et l’exigence souvent revendiquée du respect des sensibilités de chacun rend difficile l’acceptation d’un terrain commun qui nous réunirait et sur lequel la parole et l’écoute seraient plus évidentes. N’est-ce pas cette question qui nous est posée : qu’avons-nous en commun qui nous permette de nous écouter ?

Les jeunes et les enfants ont une approche surprenante et bien différente de leurs aînés, affirmant qu’ils se sentent écoutés par l’Église sans savoir très bien ce qu’ils auraient à lui dire !

Un malaise diffus et général

L’expression majoritaire manifeste une grande tension, un malaise évident, une inquiétude très marquée vis-à-vis de ce qui est perçu comme l’évolution de l’Église.

Les anciens qui voient s’estomper les contours d’une Église qu’ils ont contribué à construire et façonner dans les idéaux de leur jeunesse, expriment la peur de voir disparaître l’espoir qu’a suscité le Concile Vatican 2, auquel ils ont cru. Ils s’inquiètent d’un clergé qui perdrait l’esprit d’ouverture et de liberté et de voir la mise en œuvre d’une liturgie moins accueillante, compliquée, engoncée dans un rituel et un langage inintelligible.

Ils jugent sévèrement une Église qui s’éloignerait des gens et se couperait du monde et de son évolution, se refermant sur sa tradition, son fond dogmatique et moral. L’Église est alors tour à tour un objet extérieur que l’on condamne et l’espace revendiqué qui nous serait confisqué : « l’Église c’est nous ! »

Quand ils se sont exprimés, les actifs, les jeunes parents, sont moins sévères mais certains demeurent perplexes face à une Église qui semble ne plus leur offrir la nourriture spirituelle à laquelle ils aspirent.

Les enfants, là encore, prennent le contre-pied de leurs aînés, jugeant l’Église dynamique et accueillante.

Selon les états de vie

Dans le concert des voix exprimées, il est intéressant de noter les nuances souvent très discrètes de certains groupes constitués par l’état de vie de leurs membres. Ainsi les prêtres manifestent leur souci d’être de vrais pasteurs, à l’écoute, disponibles, assidus à la prière, sans ignorer les inquiétudes des laïcs, inquiétudes qu’ils partagent en grande partie. Bien sûr, certaines questions (comme celle de l’homélie par exemple, ou bien sûr, le célibat) trouvent chez eux un écho bien différent.

La voix des consacrés est aussi précieuse, donnant bien souvent l’exemple de l’expérience d’une synodalité en acte déjà éprouvée et solide.

Les diacres enfin, absents du paysage ecclésial décrit dans les contributions, expriment à la fois leur sensibilité aux inquiétudes des laïcs et leurs difficultés à vivre leur ministère dans un clergé qui a l’habitude de se passer d’eux.

La surprise de la voix des enfants

La surprise la plus heureuse vient de la voix des jeunes et des enfants. Ils semblent dégagés de l’inquiétude générale et assument une position à la fois confiante dans ce que sera leur vie de foi et exigeante dans ce qu’ils attendent de l’Église.

Ainsi, au-delà de leur attente de plus de joie, d’accueil, d’ouverture aux pauvres, de soucis de la préservation de la nature, ils expriment fortement un désir de mieux connaître la Parole de Dieu.

Ils aspirent semble-t-il à une plus grande familiarité avec l’Écriture. Mieux connaître les textes pour être davantage missionnaires ou pour simplement grandir dans la foi.

S’ils ne cachent pas ne pas tout comprendre à la messe (et parfois s’y ennuyer), c’est pour eux un lieu de paix et d’amitié fraternelle. D’autres, plus âgés, plébiscitent les Scouts ou Taizé comme leurs lieux privilégiés, élargissant le champ de vision des adultes, souvent réduit à la vie paroissiale.

4- QU’EST-CE QUE L’ESPRIT SAINT A INSPIRÉ AUX COMMUNAUTÉS À PROPOS DE LA SYNODALITÉ DANS LA VIE ORDINAIRE DE L’ÉGLISE LOCALE, OMBRES ET LUMIÈRES ?

Les groupes synodaux qui ont accepté de placer au début de toute démarche un temps conséquent de prière, d’écoute de la Parole de Dieu, et de silence, comme cela était recommandé, ne semblent pas majoritaires… Or c’est justement cela qui anime la recherche d’une nouvelle synodalité.

Fraternité

Le mode de vie déconcertant provoqué par la pandémie nous a privé de bien des démarches communes qui alimentent la fraternité.

Ce qui semble faire l’unanimité dans les contributions concerne la mise en œuvre de temps de rassemblements où la dimension conviviale n’est pas oubliée, où l’on éprouve la joie de se retrouver, de former des équipes, de se parler et de s’écouter, de lire l’Évangile ensemble et de prier et célébrer. Il nous semble nécessaire de rappeler cela comme un don certain de l’Esprit du Christ qui se déploie chaque fois que l’on ouvre ainsi l’espace à la vie fraternelle. C’est un fruit lumineux de cette expérience synodale qui vient confirmer ce qui s’est manifesté fortement au cours du récent synode diocésain. De nouvelles « équipes fraternelles de voisinage » ou « fraternités », constituées à la suite de ce dernier, témoignent maintenant de tous les bienfaits qu’elles ont reçus dans cette nouvelle expérience du Seigneur et de la vie en Église. L’une d’entre elles souhaite que cette pratique se répande pour la vitalité de l’Église.

Il est nécessaire de mentionner que nous avons enregistré des échos plus sombres concernant la pratique fraternelle dans nos communautés : il n’est pas rare que, dans la vie ecclésiale, soient laissées de côté des catégories entières de personnes : pauvres, homosexuelles, divorcées- remariées, handicapées…

La liturgie

De nombreux débats et commentaires synodaux apparaissent au sujet de la messe dominicale. Il est bien clair que le rassemblement eucharistique demeure au centre de la vie chrétienne. Cela est heureux et doit être souligné. Mais comme toujours se cristallisent autour de la liturgie toutes les tensions, les désaccords et les critiques.

Nombre de contributions se focalisent sur la parole : la liturgie de la Parole et la circulation de la parole. Elles notent des eucharisties peu ou pas « nourrissantes » et pointent la pauvreté des homélies qui justifierait que l’on ait davantage recours à des partages d’Évangile par petits groupes au cours des célébrations, parfois avant ou après. Ceci est à relier, nous semble-t-il, à de nombreuses mentions, dans les contributions, du manque évident de la lecture fréquente et approfondie de la Bible – spécialement de l’Évangile – dans les communautés.

Une autre remarque apparaît aussi souvent, nous l’avons déjà signalé, au sujet d’un langage d’Église, verbal, ou symbolique (les gestes et les signes) inadapté à notre époque et tourné vers le passé : « il fait fuir les jeunes » et de nombreuses personnes qui ne comprennent pas ou ne s’y retrouvent pas.

Viennent ensuite de nombreuses remarques ou exigences sur la place des différents acteurs ou ministres de la liturgie : d’abord ce qui revient aux laïcs et aux prêtres, spécialement sur la place des femmes, ceux et celles qui donnent la communion ou non, ceux qui peuvent entrer dans le chœur ou non, les servants et/ou les servantes d’autel, la place des chanteurs, des équipes d’accueil etc.

Nombreuses sont les considérations sur la qualité des célébrations : les formes, les vêtements, les chants, l’arrangement des églises, les prestations florales…Des classements connus sont alors utilisés : plus ou moins « tradis », plus ou moins « pompeux » qui viennent recouvrir beaucoup de non-dits sur des choix d’appartenance et des conflits d’identités. Les formes reçoivent parfois un caractère absolu.

Mais on parle peu du cœur de ce rassemblement du Seigneur, du Verbe-Corps qu’on y reçoit, de la Communion, des joies et des grâces, qui en font le cœur vivant de l’Église.

Les ministères et la gouvernance entremêlés

Cela concerne spécialement les relations entre le peuple des baptisés et les « ministères », c’est- à-dire les services qui lui sont destinés. Les questions se focalisent rapidement sur la relation entre les prêtres et le peuple. Le ministère presbytéral y est d’abord et principalement perçu à travers ses pratiques de gouvernement et d’animation des communautés, sans que soit évoquée sa dimension sacramentelle.

La manière d’exercer les fonctions de gouvernement (le pouvoir) par les prêtres est jugée comme excessive, privant les laïcs de l’exercice de leur droit à la parole et de leur capacité à prendre des responsabilités effectives dans la marche de l’Église. Celles-ci sont référées au don baptismal de tous les fidèles. On demande pourquoi on ne confère pas davantage de ministères institués à des laïcs qui ont montré des capacités de servir et dont les charismes sont reconnus.

La nomination d’un nouveau curé, responsable de secteur ou de paroisse est souvent citée comme situation où est ignorée la responsabilité des laïcs regrettant de n’être pas consultés pour le départ de l’ancien et pour l’arrivée du nouveau. On demande aussi que soit fixée une période pendant laquelle le nouveau curé écoute et observe la vie de la communauté avant de prendre une nouvelle direction pastorale.

L’équipe synodale diocésaine a été sensible à cette polarisation sur la place des prêtres (il faudrait dire des curés) dans l’Église, sa place centrale et son omniprésence. L’insistance des groupes qui interrogent le célibat consacré perçu uniquement comme punitif et anormal est très forte alors même que les prêtres n’abordent pas le sujet. Cela semble manifester une rupture dans la compréhension de la figure presbytérale. Nous notons que les autres ministres ordonnés, évêques et diacres et leurs charismes propres, sont très rarement mentionnés dans les contributions…
« une église presbytérale ou curiale plus qu’apostolique ».
Dans la plupart des contributions à la démarche synodale est posée la question de la place des femmes dans l’Église. Si elle n’est pas insérée dans le cours d’une réflexion ou d’un échange, elle est simplement inscrite telle quelle – « la place des femmes » – pour signaler qu’il s’agit d’un problème évident qu’il est nécessaire et urgent de résoudre.

En équipe synodale diocésaine, nous comprenons aisément qu’il s’agit de la place des femmes dans les lieux de vie de l’Église où sont assumées des responsabilités, où l’on opère un discernement et où l’on participe à des décisions. Lorsqu’on évoque la nécessaire parité entre hommes et femmes dans des instances ecclésiales, il est clair qu’il ne s’agit pas de la vie ordinaire des assemblées, ni des services habituels car les femmes y sont déjà très fortement majoritaires. Il est donc demandé que les femmes baptisées aient une place égale à celles des hommes baptisés, selon leurs charismes spirituels, dans des lieux de décisions et à des places de responsabilités importantes.

La demande de l’accès des femmes au diaconat et au sacerdoce est fréquente et là encore elle est envisagée à travers la nécessité de leur participation à la gouvernance de l’Église. L’équipe synodale remarque sur ce point qu’ici encore n’intervient pas un regard sur la dimension sacramentelle des ministères. Peut-être faut-il parler d’un regard socio-politique sur l’Église.

Pour cela, après quelques débats, nous avons estimé que cela méritait de figurer dans cette partie concernant les ministères dans l’Église.

L’ouverture de toute instance d’Église à une présence des femmes fait par ailleurs partie des préconisations de la CIASE aux évêques (Synthèse §0090) pour sortir d’un entre soi « clérical » qui favorise les conduites criminelles cachées.

5- DE QUELLE MANIÈRE L’ESPRIT SAINT INVITE-T-IL L’ÉGLISE LOCALE ET L’ÉGLISE DIOCÉSAINE A CROÎTRE DANS LA SYNODALITÉ ?

L’ensemble des contributions fait ressortir un certain nombre d’éléments permettant à notre Église de grandir dans la synodalité. On doit cependant tenir compte du fait que la plus grande part des propositions émanent de personnes retraitées –comme nous l’avons signalé au point 1–, qui disposent donc davantage de leur temps.

Des ministères à préciser

Le Peuple de Dieu insiste fortement sur l’importance de vivre d’une manière renouvelée les ministères dans l’Église. De nombreuses contributions abordent ce sujet. Dans tous les cas s’exprime le souhait de « mieux préciser le rôle et l’organisation » des différents membres de l’Église dans son fonctionnement ordinaire, des prêtres, comme des personnes en responsabilité. Une forte attente s’exprime pour que chacun puisse trouver sa place. La participation de tous les membres du corps du Christ devrait en être plus facile.

Parmi les propositions recueillies :

  • Une réforme de la gouvernance des paroisses. Là où cela est possible, on suggère la séparation de la responsabilité pastorale du curé de la responsabilité de direction et d’animation des services, confiée à un ou plusieurs laïcs, en envisageant des fonctions salariées. On suggère aussi de donner des responsabilités plus complètes aux laïcs qui font partie des EAP et qui sont de ce fait référés au curé.
  • Cependant on mentionne souvent l’isolement des EAP et des conseils pastoraux, opaques, peu repérables, peu connus, comme une sphère confidentielle autour du curé. On estime que les laïcs sont “cléricalisés” et parfois plus cléricaux que les clercs.
  • On demande que le fonctionnement des conseils épiscopal, presbytéral, pastoraux, des affaires économiques, des EAP et autres instances de décision soient plus transparents et que les ordres du jour, les comptes-rendus et les décisions prises soient publiés auprès des communautés paroissiales ou diocésaine. On propose aussi que l’on ait davantage recours à la relecture des pratiques et des actions accomplies, relecture pastorale, spirituelle et organisationnelle.
  • Certaines   contributions    recommandent    de    nouveaux    schémas    d’organisation « entrepreneuriaux », visant à une plus grande professionnalisation, comme cela fut suggéré récemment dans de nombreuses formations.
  • Enfin, on encourage la tenue d‘assemblées de secteur ou de paroisse où puissent être évoquées, avec l’expérience quotidienne des fidèles, les directions prises ou à prendre.
  • Certaines contributions suggèrent de créer au plan local et au plan diocésain des équipes de veilleurs, pour alerter sur les réalités délaissées, pour veiller à ce que tous soient accueillis, ou pour servir d’instance de médiation lorsque surgit un conflit entre les responsables et les fidèles…
  • Pour vivre cela, plusieurs contributions mettent en avant l’importance de la formation des laïcs comme des prêtres. La formation initiale est essentielle mais n’est pas suffisante, que nous soyons clercs ou laïcs.

Relation au monde

Il y a une forte insistance pour que l’Église soit une Église de l’écoute. Cela n’est possible qu’à partir du moment où nous nous mettons à l’écoute du Seigneur et de nos frères et sœurs en Christ. Le synode sur la synodalité manifeste combien les fidèles sont heureux de pouvoir se retrouver pour échanger et avancer ensemble en Église et en société ; ils sont en demande de lieux spécifiques pour que ces rencontres deviennent possibles.

Dans une société du bruit, il est important de revenir à cette écoute que le Seigneur nous invite à vivre « écoute, Israël ». Pouvoir s’écouter fait grandir la fraternité.

Dans le même temps, les contributions invitent notre Église locale à se mettre davantage à l’écoute des petits, des pauvres, et de la société. Marcher ensemble en Église est indissociable d’une marche avec la société.

La liturgie

La liturgie est l’action du peuple de Dieu qui se rassemble. Il est essentiel que ce rassemblement soit un lieu fraternel où chacun expérimente que le sacrement reçu construit ce corps unique qu’est le corps du Christ. La crispation sur les détails (vêtements, objets liturgiques, musique) manifeste une crainte bien réelle d’une perte de sens. En perdant la dimension sacramentelle à l’œuvre dans la liturgie, l’unité des communautés et de l’Église tout entière est mise à mal. L’Esprit nous invite à dépasser les questions des « sensibilités » individuelles, des goûts esthétiques ou des positions idéologiques, pour retrouver le souffle de l’œuvre commune.

L’Esprit nous appelle à de grandes conversions dans la vie pratique, quotidienne de l’Église et à accepter le temps nécessaire pour celles-ci. Apprendre la synodalité, « Voir, choisir, agir » ensemble dans l’Esprit Saint. Demander et recevoir.

Cette première phase du synode est le premier pas d’un long chemin, d’un style de vie synodal. Nous percevons un signe positif dans le dynamisme qui a été enclenché.

Ce synode est le signe que « Jésus est vivant parmi nous ».